L’année 2015 est à marquer d’une pierre blanche en Chine pour deux principales raisons. Non seulement la professeure Youyou reçoit le prix Nobel de la médecine chinoise pour ses travaux sur l’artémisinine, ce qui constitue une première pour le pays. 

Mais la médecine traditionnelle chinoise est également mise en avant lors de cette fameuse cérémonie. Rappelons que les Prix Nobel sont décernés chaque année aux personnes qui ont « apporté le plus grand bénéfice à l’humanité ». Vous comprendrez un peu mieux l’honneur qu’ils représentent.

Aux origines des recherches du professeur Youyou sur l’artémisinine

C’est dans un contexte de guerre entre le Viêt-Nam du Nord et du Sud que se trouvent les origines des recherches menées par Tu Youyou. Dans les années 60 et 70, alors que le conflit battait son plein, la population était en proie au paludisme. En effet, le médicament utilisé à l’époque, la chloroquine, semblait perdre de son efficacité.

Le 23 mai 1967, un projet secret nommé « Projet 523 » est lancé aux Etats-Unis par Mao Zedong. Son objectif se veut clair : mettre au point un remède efficace contre le paludisme en s’inspirant de la médecine traditionnelle chinoise. Comme vous l’aurez deviné, c’est Tu Youyou qui est chargée de diriger la recherche.

La scientifique se met alors en route vers la province de Hainan. De cette descente sur terrain, elle espère tout d’abord observer les effets de la maladie sur les patients. Puis, et surtout, afin d’étudier et tester différents remèdes ancestraux. Le travail à entreprendre s’annonce laborieux mais la situation personnelle et familiale de Youyou ne facilite pas les choses. En effet, son mari est banni du territoire alors qu’elle se donne corps et âme pour la recherche. Par ailleurs, elle doit se séparer de sa fille tout juste âgée de 4 ans pendant près de 6 mois. Mais fort heureusement, ses efforts finissent par payer.

Le prix Nobel de la médecine chinoise et le traitement contre le paludisme

L’équipe de Tu Youyou compte 3 assistants qui l’aident à décortiquer plus de 2 000 recettes de remèdes traditionnels chinois. 380 d’entre elles possèdent un dénominateur commun : l’armoise annuelle utilisée pour réduire la fièvre semble diminuer le taux de parasite dans le sang.

A l’origine, les effets du remède concocté à base d’armoise ne s’inscrivent pas dans la durée. Mais à force de tâtonner, la professeure parvient à extraire l’artémisinine, substance active de la plante, dans les années 1970. Convaincue du bien-fondé de ses découvertes, elle décide de tester le remède sur sa personne avant de procéder aux tests humains.

Le résultat est sans appel. Elle constate une baisse de la fièvre ainsi que la réduction en nombre des parasites présentes dans le sang en moins de 30 heures. Nous pouvons alors dire qu’à l’âge de 84 ans, Tu Youyou révolutionne le monde de la médecine en mettant au point un traitement efficace contre le paludisme.

Aujourd’hui, près de 200 millions de personnes souffrent du paludisme chaque année dans le monde. Plus de 500 000 africains, principalement des enfants, en succombent. L’artémisinine est alors prescrite, combinée avec d’autres antipaludiques, pour traiter le malade. En 2008, la communauté scientifique a remarqué une certaine forme de résistance à la substance active.

Le mot de la fin…

Selon la lauréate du prix Nobel de médecine Tu Youyou, la médecine traditionnelle chinoise s’apparente à une mine d’or en matière de pharmacologie. L’artémisinine n’est alors qu’une parmi tant d’autres substances potentiellement bénéfiques pour les recherches médicales modernes.